Gillian Robespierre

Gillian Robespierre

Le Questionnaire de Proust revu par CEFF

1. Quel est votre salle de cinéma préférée et pourquoi ?
Le ciné Angelika, qui est à Manhattan. C’est une vielle salle qui tombe en morceaux et parfois on peut entendre le métro s’engouffrer bruyamment dans la station en dessous. Mais c’est le cinéma de quand j’étais petite, où j’allais voir des films indépendants, de Jim Jarmusch à Party Girl avec Parker Posey. Et le fait qu’en juin Obvious Child sera projeté à l’Angelika ressemble à mieux q’un rêve.

2. Votre diatribe cinématographique préférée.
Ce n’est pas une diatribe mais j’adore quand Mabel, le personnage de Gena Rowland, dans Une Femme Sous Influence est dans la rue et demande l’heure aux passants parce qu’elle attend le bus scolaire de ses enfants. Elle porte un gros pull bleu et une jupe très courte. C’est terrible, parce que personne ne veut lui donner l’heure, les passants l’ignorent comme une folle détraquée ou pire comme si elle était invisible. La scène est vraiment simple et terrible tout en explorant tellement de thèmes d’un coup.

3. La mort à l’écran que vous n’oublierez jamais.
Fatal Games. Quand Winona Ryder et Christian Slater servent à Heather #1 un liquide que le personnage de Slater prétend être une cure contre la gueule de bois alors que c’est du débouche-évier. Heather tombe à travers la table en verre en murmurant “corn nuts!” {des glands !}

4. La première affiche de film sur vos murs.
Je crois que c’était Les Muppets À Manhattan. Un cinéma était en faillite et bradait des posters. Je devais avoir dix ans, donc j’ai choisi celui des Muppets.

5. Le personnage de cinéma auquel vous vous identifiez le plus.
Ruth Gordon dans Harold et Maude.

6. Le regard caméra qui vous a le plus impressionné.
Dustin Hoffman dans Le Lauréat.

7. Le film qui vous a le plus fait voyager.
Le mien. Accompagner Obvious Child durant la tournée a été un tourbillon pour moi parce que je suis une fille de la ville qui quitte rarement un périmètre de cinq pâtés de maisons et là je fais des conférences de presse à travers les États-Unis, je vois des endroits où je n’étais jamais allée auparavant. Des endroits exotiques comme Phoenix et Dallas, au Texas.

8. Si vous deviez vivre dans un film, ce serait…
Je vais passer cette question.

9. Le film qui vous a le plus fait peur.
Petite, j’avais peur de E.T., L’Extra-Terrestre. En tant qu’adulte j’étais hantée et j’adore Ne Vous Retournez Pas de Nicolas Roeg.

10. Le film avec lequel vous avez le plus ri.
Le Shérif Est En Prison de Mel Brooks.

Gillian Robespierre est née et a grandi à New York. Elle tombe dans les films à un très jeune âge, avec son père s’improvisant en professeur d’histoire du cinéma. “Mes premières années de formation ont consisté en un régime strict de films de Mel Brooks et de comédies. Mon père enregistrait tous les films diffusés sur HBO, parce qu’il ne pensait pas que la chaîne câblée allait durer”, explique-t-elle en souriant. Au lycée elle faisait partie d’un groupe de “personnes cools qui aimaient tourner des films d’horreur les week-ends”. Constamment reléguée au rôle de la fille qui se fait tuer, sans dialogue et trop timide pour participer à l’écriture du scénario, Robespierre se rappelle comment, allongée et couverte de faux sang, elle observait le raffut autour d’elle en pensant “Je pourrais faire ça en mieux”. “C’est la première fois que je réalisais que je voulais être cinéaste et raconter mes propres histoires”.

Robespierre continue en suivant des études à la School of Visual Arts, où elle se sent plus à l’aise avec les cours théoriques qu’avec les pratiques. “J’adorais tous mes cours d’histoire du cinéma et j’étais tout excitée quand on devait écrire des devoirs. […] Faire un dossier sur John Cassavetes était un soulagement par rapport à tous les cours techniques”. Après son diplôme elle travaille pour la Guilde des réalisateurs d’Amérique pendant sept ans. Elle décrit son travail de bureau ennuyeux comme sa motivation pour occuper son esprit différemment. Elle se met à travailler ses propres projets, la nuit et les week-ends. Avant son premier long-métrage, Robespierre réalise plusieurs courts, entre autres Chunk en 2006 et Obvious Child en 2009, une première tentative de traiter son sujet à travers un court-métrage. Le long-métrage du même titre qui a suivi, avec Jenny Slate dans le rôle principal, raconte l’histoire d’une jeune comédienne de stand-up qui se retrouve enceinte après une soirée décontractée avec un charmant inconnu. Même si le synopsis fait penser à un sombre drame, Robespierre a préféré le traiter comme une comédie. Elle sentait le besoin de montrer qu’une jeune femme pouvait se faire avorter et se porter bien.

L’inspiration pour réaliser Obvious Child, à la fois le court et plus tard le long métrage, vient de la frustration de la réalisatrice et de ses amis devant les représentations limitées des différents types d’expériences que peuvent avoir les jeunes femmes avec la grossesse. “On attendait de voir un film plus honnête, ou au moins, une histoire qui soit plus proche de celles que nous connaissions. Nous n’étions pas sûres du temps qu’il nous faudrait attendre, donc nous avons décidé de raconter cette histoire nous-même.” Le court-métrage, où Jenny Slate tenait déjà le premier rôle, attira l’attention dans les festivals et ensuite sur internet, enflammant les commentaires. “Ça m’a grandement encouragée et inspirée pour développer en long-métrage, et partager ce film et ces conversations avec encore plus de monde.”

Aujourd’hui Gillian Robespierre attend avec impatience la fin de sa tournée de presse pour faire une très longue sieste. Elle a l’intention de commencer à écrire son prochain long-métrage, pour lequel elle travaillera avec la productrice et collaboratrice-scénario, Elisabeth Holm. Pour le moment, le projet s’appelle “Comédie Sans Titre sur le Divorce”.

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