Albin de la Simone a creusé son sillon de manière aussi modeste que profonde. Parmi la grande famille de la chanson française, c’est lui le plus doux. C’est pourtant une vocation contrariée : il s’est longtemps cru musicien de jazz avant de se découvrir chanteur. La fragilité de son timbre l’a immédiatement conduit à un registre intimiste : il en a fait sa force aujourd’hui. Quand Albin chante, c’est comme s’il vous parlait au creux de l’oreille. Il parle une langue bien à lui, qu’il a précisée d’album en album, et qui confère à ses chansons un goût véritablement unique. Un homme sorti en 2013 puis L’un de nous en 2017, unanimement salués par la critique, le classent définitivement au rang des auteurs les plus brillants de sa génération.
Paru à l’automne 2021, l’album intitulé Happy End, terme emprunté au cinéma est entièrement instrumental. Il serait la bande de cette époque bizarre, faite d’arrêts et de recommencements où la vie ressemble à un scénario qui s’écrit à l’encre effaçable. Le disque est enregistré en 3 jours, en compagnie de ses seuls instruments et d’ingénieurs du son, sans filet, sans plan précis mais avec la farouche volonté de se surprendre autant que de surprendre ceux qui ont l’habitude de l’entendre chanter.
Quand il ne se consacre pas à l’écriture d’un nouvel album « de chanteur », comme c’est le cas actuellement, Albin, le très actif, réalise, se réalise : musicien de tournée (pour Iggy Pop ou Vanessa Paradis), illustrateur dont les dessins s’exposent et les collaborations se multiplient (notamment avec la Cinémathèque/Exposition Funès ou encore avec Charles Berberian), compositeur à l’image (récemment pour le film d’animation La Vie de château), réalisateur d’albums (Pomme, Miossec, …), auteur de livres, plasticien aux créations pluridisciplinaires comme les « Films fantômes », performances-concerts-expositions sur des films qui n’existent pas.
En résumé, comme l’écrivait Libération en septembre dernier « Il est un maillon discret, multicarte et essentiel de la scène française contemporaine ».