Cette année, les longs métrages sélectionnés en compétition américaine incarnent l’état d’esprit d’une Amérique cherchant à trouver un équilibre dans un monde chaotique. Ils se raccrochent à la nostalgie des années 90 avec sa culture populaire, son expansion d’internet et des outils de communication, tout en explorant la quête d’une communauté propre comme fondement d’une nouvelle société.
Dans Didi de Sean Wang, un adolescent américain d’origine taïwanaise rêve de devenir vidéaste et y consacre tout son temps. Au fond de lui, il sait que ce médium est le seul moyen d’expression qui lui permettra de tracer son propre chemin à travers ses deux cultures. Les protagonistes de Between The Temples de Nathan Silver se retrouvent eux aussi dans un entre-deux, un cantor qui n’arrive plus à chanter et une femme d’âge mûr qui veut réaliser sa bat mitzvah à tout prix. C’est en assumant leurs désirs qu’ils arriveront à accomplir leurs aspirations. Un rêve de liberté et de considération que l’héroïne de Good One d’India Donaldson cherche pendant la randonnée dans les Catskills avec son père et le meilleur ami de ce dernier. Elle devra s’affirmer, quitte à s’extraire du groupe et continuer seule sa route. La solitude n’est cependant pas une fatalité, Jane Shoenbrun illustre dans I Saw The TV Glow le récit de deux adolescents se retrouvant à travers leur série préférée « The Pink Opaque », qui leur offre bien plus d’existence que dans le monde réel. Les deux amis s’identifient aux personnages de la série jusqu’à se demander si une autre vie ne les attendrait pas ailleurs. Cette illusion entre le monde réel et fictionnel est aussi abordée par Josh Mond dans It Doesn’t Matter où nous suivons un vagabond des temps modernes, dans ses pérégrinations à travers les USA en pleine pandémie, à la recherche d’un espace de vie supportable. Dans un autre récit de voyage, nous rencontrons des étudiants internationaux travaillant quelques mois pour un modeste salaire dans un parc aquatique du Wisconsin. Dans The Dells de Nellie Kluz, on nous rappelle que, malgré toute la folie qui émane de ce pays, le rêve américain reste ancré dans l’esprit des étrangers.
Chantal Lian
Responsable de la programmation américaine américaines