Drew Tobia

Le Questionnaire de Proust revu par CEFF

1. Quel est votre salle de cinéma préférée et pourquoi ?
J’adore le New Beverly à Los Angeles. J’ai habité Los Angeles pendant environ un an, et même si je ne l’ai pas détesté contrairement à beaucoup de New Yorkais, je ne suis pas tombé complètement amoureux non plus. Mais il y a des choses qui ont vraiment résonné en moi et quand j’ai décidé de revenir à New York, une des choses dont je savais qu’elle allait me manquer était le nouveau Beverly Theatre. Ils ne passent que des copies 35mm, sauf si il est impossible d’en obtenir, ils programment principalement des vieux classiques et ils font des super double-feature.

2. Votre diatribe cinématographique préférée.
Probablement quelque chose tiré d’un film de Tarantino…

3. La mort à l’écran que vous n’oublierez jamais.
La scène du film Terreur À L’Opéra de Dario Argento, où le tueur force la fille à regarder ses amis se faire tuer, en scotchant des clous sous ses yeux : si elle les ferme, elle s’aveugle. C’est tellement énorme et ridicule que la violence n’est plus de la violence.

4. La première affiche de film sur vos murs.
Batman: Le Défi, de Tim Burton.

5. Le personnage de cinéma auquel vous vous identifiez le plus.
Probablement un personnage joué par Laura Dern. Où peut-être Petra von Kant dans Les Larmes Amères De Petra von Kant, parce que je suis nul en amour et que c’est le dernier film que j’ai vu.

6. Le regard caméra qui vous a le plus impressionné.
Je n’aime pas vraiment quand les personnages font ça, mais je me souviens l’avoir vu dans Psychose quand j’étais petit et ça m’avait fait peur.

7. Le film qui vous a le plus fait voyager.
Sur le vif, le film Dans La Peau D’Une Blonde avec Ellen Barkin, où elle joue le rôle d’un misogyne qui est transformé en femme pour comprendre ce que c’est qu’être une femme, et il y a une scène où elle explique à sa secrétaire (jouée par Catherine Keener) – qu’elle essaie de comprendre qui est cette femme (Barkin) et où est-ce que son patron (la version mâle de Barkin) est allé, donc Ellen Barkin commence à lui expliquer que la version masculine a tout abandonné pour s’enfuir sur une magnifique île tropicale, comme Gauguin. À l’époque je savais déjà qui était Gauguin et je trouvais l’idée du voyage comme fuite extrêmement romantique.

8. Si vous deviez vivre dans un film, ce serait…
Pink Flamingos de John Waters.

9. Le film qui vous a le plus fait peur.
Le truc c’est que quand j’étais gamin je n’aurais pas dû regarder Le Silence Des Agneaux mais je l’ai fait. Ce qui est bizarre parce que petit j’avais vraiment peur des films d’horreur. Je ne supportais même pas de regarder les bande-annonces à la télé. Mais à un moment, vers mes neuf ans, j’ai décidé de ne plus avoir peur, donc je suis allé louer toute la section horreur de mon club vidéo et j’étais guéri. À l’époque je n’avais pas peur du Silence Des Agneaux. Aujourd’hui à chaque fois que je le vois, j’ai vraiment peur et je ne peux pas expliquer ce qui a changé. J’imagine que c’est parce que le film est très psychologique, il joue avec nos sentiments. Je ne dirais pas que les films d’Argento font peur. Ils sont beaux. Dans Le Silence Des Agneaux il y a tellement de terreur et de réalité, on ne veut pas qu’il arrive quoi que ce soit aux personnages.

10. Le film avec lequel vous avez le plus ri.
À nouveau Pink Flamingos je crois. C’est vraiment un film qui m’a influencé, parce qu’avant je n’avais vu que les films tout public de John Waters, et voir celui-ci a changé la donne pour moi : la façon dont je perçois la musique, ce qu’on est autorisé à montrer ou à faire dans un film… Et puis c’était follement drôle !

Drew Tobia a grandi à Long Island, New York. Depuis tout petit, c’est un spectateur de cinéma passionné, encouragé notamment par sa mère, cinéphile raffinée. “Ma mère était férue de films et elle m’a fait découvrir les films indépendants et étrangers, des films que je n’aurais pas vus tout seul.” Il se rappelle avoir regardé des films “bizarres” depuis un très jeune âge, savourant les comédies sombres et les films kitchs comme Bienvenue Dans L’Âge Ingrat et Serial Mother.

Il enchaîne avec des études de cinéma à l’Emerson College, où il rencontre Eleanore Pienta, qui finira par jouer le rôle principal dans son long-métrage, ainsi que son directeur de photographie, Andrew Whittaker.

Quand on lui demande ses influences, il évoque des noms tels que Todd Solondz, John Waters, Rainer Fassbinder, Paul Morrissey, Mary Harron – des réalisateurs dont l’œuvre se concentre sur des personnages décalés et imparfaits d’une façon qui génère à la fois de la sympathie et du dégoût. Il décrit son univers comme étant composé de scènes de films mélodramatiques gay et kitsch datant de son enfance, mixés avec un réalisme émotionnel et des personnages forts (souvent féminins).

See You Next Tuesday est son premier long-métrage. Il raconte l’histoire de Mona (Eleanore Pienta) une caissière de super-marché enceinte, gueularde et solitaire et sa relation avec sa mère May, toxicomane en rémission, sa sœur mégalomane Jordan, et la petite amie accablée de cette dernière, Sylve. Le personnage principal est inspiré par l’œuvre de l’actrice qui tient son rôle : Pienta réalisé une série d’autoportraits et vidéos où elle incarnait le personnage de Mona. “C’était une jeune femme en fin de grossesse qui était terrifiée à l’idée que des mouches entrent dans son vagin et infectent son futur bébé. C’était étrange, drôle et bizarre et j’ai ressenti que je pouvais la comprendre” explique Tobia. Il écrit le scénario d’une traite, en essayant d’imaginer la vie de ce personnage à Brooklyn, le quartier où il habitait à l’époque.

Drew Tobia vit actuellement à Long Island. Il travaille sur son prochain scénario, qui contera l’histoire d’un groupe de Juifs célébrant Noël.

Contactez-nous

Nous ne sommes pas disponible pour le moment. Mais vous pouvez nous laisser un message et nous reviendrons vers vous au plus vite.