Tracy Droz Tragos & Andrew Droz Palermo

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Tracy Droz Tragos & Andrew Droz Palermo

Le Questionnaire de Proust revu par CEFF

1. Quel est votre salle de cinéma préférée et pourquoi ?
Andrew Droz Palermo : Le Ragtag Cinema à Columbia, Missouri. Un des premiers endroits où j’ai commencé à regarder des films européens, qui n’étaient pas disponibles dans ma ville natale, à quelques kilomètres de là.
Tracy Droz Tragos : La première salle qui me vient à l’esprit est celle qui m’initia au monde du cinéma, je pouvais y aller en marchant depuis chez moi, c’était à Berkeley, en Californie, mais elle n’existe plus. Je n’arrive pas à me rappeler comment elle s’appelait, c’était un petit trou dans un mur, une petite salle à coté d’un restaurant chinois, qui sentait la cuisine chinoise, c’est où j’allais voire tous ces films magnifiques.

2. Votre diatribe cinématographique préférée.
ADP : Les monologues dans Network – Main Basse Sur La TV de Sidney Lumet.
TDT : Shirley MacLaine dans Tendres Passions.

3. La mort à l’écran que vous n’oublierez jamais.
TDT : Je viens de voir Reviens-Moi dans l’avion et j’ai pleuré, mais c’était peut-être juste le jet-lag. En tant qu’enfant je me rappelle de Gallipoli de Peter Weir, quand tous ces hommes sortent des tranchées et qu’ils sont sur le point d’affronter leur mort.
ADP : Je n’aime pas vraiment le film, mais j’ai vu Il Faut Sauver Le Soldat Ryan une fois dans une salle remplie de vétérans et la scène à la plage paraissait vraiment réelle. Je me rappelle regarder parmi le public tous ses hommes aux cheveux blanc, les larmes coulant à flots.

4. La première affiche de film sur vos murs.
ADP : Ma sœur avait une sublime affiche de Reservoir Dogs que j’admirai à distance.
TDT: Je n’avais pas vraiment de posters sur mes murs. J’avais des livres sur Meryl Streep mais pas d’affiches de film.

5. Le personnage de cinéma à qui vous vous identifiez le plus.
TDT : Dernièrement je me sens comme le personnage principal du film Actress de Robert Greene.
ADP : C’est peut-être plus moi en tant que petit garçon, mais je m’identifie vraiment au garçon de Kes de Ken Loach

6. Le regard caméra qui vous a le plus impressionné.
ADP : Parmi les plus célèbres, ceux de Funny Games de Michael Haneke. Il font tellement plus que simplement vous regarder, ils rembobinent le film et rejouent l’instant précédant.
TDT : Je pense à des documentaires. Les films qui m’ont le plus impressionné sont Nobody’s Business de Alan Berliner et Brume de guerre et The Unknown Known d’Errol Morris.

7. Le film qui vous a le plus fait voyager.
TDT : Les premiers films sur la guerre du Vietman donc Voyage au Bout de l’Enfer de Michael Cimino.
ADP : Le film d’Ellem Klimov sur la Seconde Guerre Mondiale Requiem pour un massacre. Je l’ai vu très jeune et j’ai été très choqué.

8. Si vous deviez vivre dans un film, ce serait…
ADP : Je choisirais Xanadu [de Robert Greenwald] [rires]
TDT : J’essaie de penser au grand amour, un garçon, une fille et le coucher de soleil. Parce que dans les films que j’aime ça ne se passe généralement pas comme ça. J’étais très contente du sort d’Ada à la fin de La Leçon de Piano [Jane Campion] mais j’aurais dû me faire couper les doigts et malgré cela continuer de surmonter toutes les épreuves qu’ils ont dû traverser. Je vais donc choisir Quand Harry rencontre Sally… [Rob Reiner], c’est léger et sans inconséquent mais ils sont ensemble à la fin. Ou alors le dernier film de Linklater Before Midnight : ils sont en Grèce, ils mangent des repas merveilleux. J’aime ça.

9. Le film qui vous a le plus fait peur.
ADP : J’ai vu L’Exorciste [de William Friedkin] quand j’étais trop jeune pour le voir. Ça continue à être l’un des films les plus terrifiants que j’ai jamais vus.
TDT : Rosemary’s Baby [Roman Polanski]. Les films avec des enfants et le Diable sont vraiment effrayants.

10. Le film avec lequel vous avez le plus ri.
ADP : J’aime beaucoup Supergrave de Greg Mottola. Je pense que c’est un film drôle et non sans style. Et toute la satire dans Robocop me fait beaucoup rire.
TDT : J’ai beaucoup ri avec Éclair de Lune de Norman Jewison. Et je pense que En Cloque, Mode d’Emploi de Judd Apatow est vraiment drôle.

Tracy Droz Tragos et Andrew Droz Palermo sont cousins, comme suggéré par leur nom de famille commun. Leur amour du cinéma se manifeste tôt, qui que de façon différente pour chacun. Palermo a toujours su qu’il voulait travailler dans le cinéma, passant ses étés dans des salles obscures. Tragos trouve sa vocation grâce aux films sur la guerre du Vietnam qui sont sortis dans les années 1970. Son père était mort au front et à travers ces derniers elle avait trouvé un moyen de rester connectée à lui. Elle étudie l’Écriture à la Northwestern University et le Scénario à USC. Palermo étudie les Beaux Arts au Columbia College de Chicago, ayant peur que le cinéma n’était pas une option viable. Il revient au monde du film dès l’obtention de son diplôme.

Rich Hill, un documentaire sur trois jeunes garçons vivant dans la ville éponyme, est leur première collaboration en tant que co-réalisateurs. Si Rich Hill marque la première fois que Palermo réalise, il s’agit déjà de deuxième long-métrage pour Tragos, qui a déjà réalisé un documentaire sur son père. “Beaucoup de monde de Rich Hill l’ont vu et l’ont aimé, ils m’avaient vue travailler à sa réalisation, et ça nous aider lorsqu’il a fallu leur demander de nous faire confiance et de nous laisser entrer dan sueurs vies”. Le film transpire en effet l’honnêteté : les trois personnages principaux et leurs familles s’ouvrent à la caméra, partageant leurs secrets les plus sombres et leurs moments les plus intimes. Malgré ces extrêmes gros plans, le film ne fait jamais dans l’exploitation ou le salace.

Quand on leur demande pourquoi ils ont réalisé ce film, ils citent le temps qu’ils ont passé dans la ville en tant qu’enfants. “Notre grand-mère était institutrice et notre grand-père distribuait le courier à toute la communauté” explique Tragos. “Nous savions que les familles qui y habitaient éprouvaient des difficultés, nous savions que la pauvreté était une toile de fond, et nous voulions offrir un regard au plus près des choses.” Ils font la décision de se concentrer sur des adolescents, car ils sont plus difficiles à rejeter par le public. “Les adultes sont facilement jugés, les gens pensent qu’ils sont fainéants, qu’ils ont fait de mauvais choix, qu’ils ne travaillent pas assez”. Le fait que le film est axé sur les vies de trois garçons et présentent les femmes comme des personnages secondaires (surtout de figure maternelles ou des sœurs) a été une préoccupation, surtout pour Tragos. “En tant que femme et réalisatrice , j’ai fait beaucoup d’introspection concernant cette décision mais au final ce fut une évolution naturelle. Nous avons activement rechercher des filles mais ça n’a pas marché, et forcer un personnage dans un film serait tomber dans le piège que la plupart des documentaires n’arrivent pas à éviter : essayer de parler de tout.

Le tournage a duré 18 mois et pendant ce temps, les réalisateurs ont amassé lus de 400 heures de rushes, qui devaient ensuite être réduite à un film de deux heures. “C’est intéressant de voir que l’on n’utilise aucune des données de nos premières vingt heures avec les garçons. Le temps a été in facteur essentiel à la construction de la confiance nécessaire. Le tournage les amena aussi à la limite de fines lignes éthiques : à une occasion ils ont du appeler les services sociaux, ayant peur que la sœur d’un des adolescent allait se suicider. Il ont également été les témoins de la brave lutte d’Elizabeth, la mère d’un des garçons, contre la dépression. Elle est morte, quelques jours avant que le film n’est sa première et ne gagne le premier prix à Sundance. Un des souvenirs les plus chers de Palermo est une scène qui n’est pas restée dans le montage final : où y voit, Elizabeth, teignant les cheveux de son fils, le tout se transformant rapidement en un grand chahut. “Les cheveux d’Andrew s’avérèrent être un cauchemar pour la continuité, il n’arrêtait pas de les changer de couleur” se rappelle Palermo.

Le documentaire a un aspect et une atmosphère très poli, un témoignage de la qualité du travail de Palermo en tant que directeur de photographie. Quand on leur demande quels sont leurs influences, les films qui sont mentionnés incluent Only The Young d’Elizabeth Mims, et Jason Tippet, Bombay Beach d’Alma Har’el, Hoop Dreams de Steve James, Ballast de Lance Hammer ou George Washington de David Gordon Green. Le film Tree Of Life de Terrence Mallick fut un choc visuel pour les deux réalisateurs, qui le citent tous deux comme une inspiration, pour son traitement des petits moments et des simples mouvements du quotidien.

Aujourd’hui Tracy Droz Tragos travaille sur deux projets de documentaire, un sur l’éducation des mains et l’autre sur Sarah, une adolescente et mère qu’elle a rencontré en faisant Rich Hill. Tragos s’est aussi remise à l’écriture. Andrew Droz Palermo fonctionne réalisera son prochain film cet été en Caroline du Nord.

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