Claudia Myers

Claudia Myers

Le Questionnaire de Proust revu par CEFF

1. Quel est votre salle de cinéma préférée et pourquoi ?
En tant que mère de jeunes enfants je ne vais plus au cinéma très souvent, donc à chaque fois que je suis dans une salle, elle devient ma salle préférée du moment.

2. Votre diatribe cinématographique préférée.
Le montage-séquence provocateur de Spike Lee dans Do The Right Thing et la crise de Jack Nicholson dans la voiture dans Cinq Pièces Faciles.

3. La mort à l’écran que vous n’oublierez jamais.
La plus mémorable dans un classique serait la fin de Bonnie et Clyde. La plus triste serait la scène sur le lit de mort dans Tendres Passions et la plus dérangeante que j’ai vue récemment serait le meurtre en prison dans Un Prophète.

4. La première affiche de film sur vos murs.
Je n’avais pas d’affiche de films sur mes murs.

5. Le personnage de cinéma à qui vous vous identifiez le plus.
Je ne sais pas si je regarde des films de ce genre. J’ai l’impression qu’à chaque fois que je suis devant un film et que je m’y retrouve absorbée, je m’identifie à certains aspects de l’histoire. Je ne pense pas avoir vu de film qui mobilise l’intégralité de mon expérience, mais je sais qu’à chaque fois que je vois un film qui m’émeut c’est qu’il y a forcément une petite part de moi-même dedans que je reconnais.

6. Le regard caméra qui vous a le plus impressionnée.
Le premier dont je me souviens est celui dans La Folle Journée De Ferris Bueller. Est-ce qu’Amélie le fait ?

7. Le film qui vous a le plus fait voyager.
Je pense que les films que j’ai fait ces cinq dernières années et qui ont abouti au tournage de Fort Bliss sont ceux qui m’ont le plus ouvert les yeux. Je n’aurais jamais fais Fort Bliss si je n’avais pas eu ces discussions avec des soldats, rencontré leur familles, entendu ce qu’ils avaient dû affronter, tout simplement parce que je ne connaissais pas cette histoire, je ne savais pas que ça existait.

8. Si vous deviez vivre dans un film, ce serait…
Peut-être un film de Nicole Holofcener, où le monde est rempli de personnages imparfaits, intéressants et pleins d’esprit, un monde qui rappelle la vie et où les gens atteignent une meilleure compréhension de soi à la fin du film, sans qu’il s’agisse de transformations complètes. Je pense que ce serait confortable là-dedans.

9. Le film qui vous a le plus fait peur.
Psychose d’Hitchcock. Il est terrifiant ! Je l’utilise beaucoup dans mes cours. Je dois l’avoir vu 50 fois mais la scène de douche continue d’avoir son effet sur moi.

10. Le film avec lequel vous avez le plus ri.
J’aime beaucoup Frankenstein Junior et Certains L’Aiment Chaud. J’aime aussi beaucoup les comédies françaises comme La Grande Vadrouille et La Chèvre. Voilà quelques uns de mes tous premiers favoris.

Claudia Myers grandit à Paris où son père est avocat et sa mère négociante en Arts Asiatiques. À son retour aux États-Unis elle commence à travailler en tant qu’auxiliaire juridique pour démissionner deux mois plus tard, réalisant que sa vocation est ailleurs. Elle obtient un travail dans le développement de films et tombe amoureuse du cinéma. “En travaillant dans le développement, un des projets sur lesquels j’ai travaillé et qui a été réalisé, était La Ligne Rouge, un des meilleurs scénarios que j’ai jamais lu, c’était tout bonnement un projet formidable”.

Elle enchaîne avec des études de Cinéma à la Columbia University. Après avoir obtenu son diplôme elle commence à faire des films sur et pour l’Armée Américaine. Après un film d’essai au véritable poste militaire de Fort Bliss, Texas, une série de documentaires sur les soldats et un film de formation interactif sur le trouble de stress post-traumatique (The War Inside), elle se retrouve réalisatrice d’un long-métrage de fiction pour la deuxième fois, avec le drame de guerre Fort Bliss, dans lequel Michelle Monaghan tient le premier rôle. Le premier long-métrage de Myers est la comédie romantique Kettle of Fish, mais pour sa deuxième fiction elle décide de revenir au poste militaire texan pour tourner un scénario qu’elle a écrit, inspiré des nombreuses histoires qu’elle a entendues lors de son travail parmi la communauté militaire.

Quand on lui demande quelles sont ses influences, elle rit et à juste titre : la plupart des cinéastes s’accordent à dire que les influences dépendent de la date de la question. Dans le cas de Fort Bliss elle cite Kramer contre Kramer bien qu’elle se soit fait un point d’honneur de ne pas revoir le film avant d’avoir terminé le scénario. En effet, son film apparaît comme l’autre côté du drame familial de Robert Benton, qui mettait en scène le combat d’un père essayant de concilier son travail et son fils lorsque sa femme le quitte. La réalisatrice mentionne aussi Winter’s Bone, le drame rural de 2010 avec Jennifer Lawrence, comme influence majeure sur l’esthétique du film. “Il était tourné en numérique et avait un côté documentaire tout en étant très polissé et joliment composé”. L’aspect cru et documentaire des films des frères Dardenne est aussi mentionné.

Puisqu’elle tournait un film sur la guerre, Myers a su tirer profit du focus médiatique sur son sujet. “J’ai regardé beaucoup de documentaires sur la guerre. Et ensuite j’ai utilisé, pas tellement les films mais le photojournalisme, comme source d’inspiration pour quasiment toutes les scènes de combat. J’avais l’impression qu’il y avait un aspect de la guerre duquel, notamment aux États-Unis, nous étions mis à l’abri, surtout le travail des médecins.” Dans le film, Michelle Monaghan interprète une médecin, parmi les premiers intervenants sur le champs de bataille. Myers cite le travail des photojournalistes Damon Winter, Adam Dean et Peter van Agtmael comme des influences majeures. “Mon directeur photo et moi nous regardions plusieurs images et elles influençaient la façon dont nous traitions les scènes de déploiement militaire dans le film.”

Comme le film se situe dans le désert du Texas, le tournage présenta des difficultés, notamment à cause des hautes températures. Travailler avec le jeune acteur impliquait que certaines scènes soient filmées avec une seule prise par plan. Mais l’expérience fut aussi très gratifiante. “Il y a une scène de retour des troupes dans le film et nous voulions reconstituer cet événement comme il se produit dans la vie réelle. Nous étions un film à budget très réduit et nous n’avions pas l’argent nécessaire pour payer des centaines de figurants. Nous avons donc fait appel à la communauté en disant “si vous voulez nous aider, présentez-vous et soyez figurant”. C’était un jour férié, un dimanche à 8 heures du matin. Plus de cent personnes sont venues. Des familles entières, avec leurs enfants étaient là. Des gens qui avaient été déployés, avec leurs épouses, quelqu’un est venu avec un bébé de deux semaines. Et parce que nombre de ces familles et de ces personnes avaient vécu des retour de troupes, avaient vraiment envoyé quelqu’un à la guerre et l’avaient accueilli à son retour, l’énergie dans la pièce et la façon dont cette scène fut jouée étaient très très puissantes. C’était un vrai privilège que ces personnes donnent de leur temps pour nous aider à réaliser le film de la façon qu’ils concevaient comme la plus juste, afin de le rendre plus authentique. Et je pense que ça transparaît vraiment à l’écran.”

Aujourd’hui Claudia Myers habite à Bruxelles et partage son temps entre l’Europe et les États-Unis. Elle est professeur au département de Cinéma et d’Arts Médiatiques de l’école de Communication de l’American University, à Washington, DC. Elle travaille actuellement sur deux projets, une comédie dramatique située à Paris et un conte-de-fées réaliste.

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