Le Questionnaire de Proust revu par CEFF
1. Quel est votre salle de cinéma préférée et pourquoi ?
Peut-être le Balzac sur les Champs-Élysées puisque c’est là que mon film aura sa première [rires] mais comme je n’y suis jamais allé, ce n’est probablement pas la bonne réponse. J’aime vraiment le Ziegfeld Theatre à New York, même si tout le monde le cite sans doute puisque c’est un superbe cinéma, avec une sacrée histoire. Comme salle plus petite à New York, j’aime bien le Sunshine. Mais une fois j’ai projeté un de mes films à Aspen, Colorado, et c’est peut-être celui là mon préféré, et ce qu’ils font là bas c’est qu’ils projettent les films à l’Opéra. C’était incroyable.
2. Votre diatribe cinématographique préférée.
Dans Will Hunting, la diatribe que le personnage de Matt Damon sort au directeur de la NSA.
3. La mort à l’écran que vous n’oublierez jamais.
Je crois que la première mort cinématographique que j’ai vue, ou dont je me souviens, c’était dans Jurassic Park, quand le type se fait bouffer par un T-Rex alors qu’il est sur les toilettes. C’est la première fois où je me rappelle avoir pensé “Woaouh, c’est vraiment dérangé !”
4. La première affiche de film sur vos murs.
Je crois que c’était Quand Harry rencontre Sally… Oui, voilà une réponse bien masculine. C’est évidemment une comédie romantique donc ça vaut ce que ça vaut mais je crois vraiment que c’est un des plus grands films jamais réalisés. Je crois que c’est un film brillant. À bien des égards je crois que c’est presque un film parfait, dans son genre. Je regarde ce film et je ne peux rien lui reprocher, à aucun niveau.
5. Le personnage de cinéma à qui vous vous identifiez le plus.
J’aime à penser que je m’identifie à tous les personnages jamais créés par Woody Allen et parfois à Indiana Jones. Donc ce serait quelque chose à mi-chemin entre les deux.
6. Le regard caméra qui vous a le plus impressionné.
Sur la question du regard caméra, l’utilisation la plus intense et incroyable que j’ai jamais vue, ou en tout cas récemment, est celle utilisée dans la série House Of Cards. La façon dont ils utilisent l’adresse à la caméra et la façon dont ils présentent Kevin Spacey regardant l’objectif m’a complètement scotché.
7. Le film qui vous a le plus fait voyager.
Je crois que Danse Avec Les Loups, un de mes films préférés, que j’ai vu très jeune, a été un des tous premiers films que j’ai vu qui traitait d’un autre monde et attira mon attention sur quelque chose que je ne connaissais absolument pas, dans notre cas la culture amérindienne et le monde des Plaines d’il y a plus d’un siècle. La façon dont le personnage principal explore ce monde différent m’a ouvert les yeux. Et ça m’a influencé dans la façon dont je fais mes films : j’essaie d’exposer le public à quelque chose qu’il n’a peut-être pas vu avant. Danse Avec Les Loups est un des premiers films que j’ai vu qui ait eu cet effet sur moi.
8. Si vous deviez vivre dans un film, ce serait…
Oh, je sais lesquels ce ne serait pas : n’importe quel film d’action américain des deux dernières décennies… Il y a plusieurs options pour cette réponse, mais je vais choisir un film que j’ai vu récemment et que j’ai trouvé incroyable, je vais choisir Her.
9. Le film qui vous a le plus fait peur.
Je vais faire dans l’ésotérisme, je doute que quiconque d’autre vous donne cette réponse. Je vais dire Les Yeux De La Forêt, que j’ai vu avec un ami dans sa cabane au milieu de la forêt. Je pense que les films d’horreur jouent beaucoup sur l’ambiance et ce qui se passe dans ta vie quand tu les regardes, et on a regardé ce film alors qu’on vivait littéralement l’expérience qui y était décrite et n était au bord de l’hystérie. Je n’ai jamais eu aussi peur. On n’a vraiment pas pu dormir.
10. Le film qui vous a fait le plus rire.
Le film qui m’a fait le plus rire, de mémoire récente, est le film britannique Joyeuses Funérailles. Je crois que c’était simplement génial et j’étais plié de rire, il m’a vraiment fait rire énormément.
Evan Buxbaum a grandi à New York et si il y réside toujours, il a aussi vécu en Suisse et en Mongolie. Il considère sa passion pour le voyage comme une de ses inspirations pour la réalisation d’un film sur les frontières et leurs traversées. Mais avant ça, ce sont les petits films en stop-motion qu’il réalisait avec sa caméra Hi8 et sa collection de Legos qui l’ont poussé vers le cinéma. “Je suis tombé de plus en plus amoureux du médium visuel comme moyen de narration et c’est quelque chose qui m’a toujours été attiré depuis.”
Malgré sa passion pour le cinéma il décide d’étudier les Sciences Politiques et la Résolution de Conflits au Swarthmore College, en Pensylvanie, pour avoir “une vaste formation en profondeur sur des sujets [qu’il] ne [pensait] pas avoir la chance d’aborder à nouveau”. Pendant ses études il continue à réaliser des films et après son diplôme il suit une carrière dans le cinéma, tout en travaillant comme barman à côté afin de subvenir à ses besoins. En tant que New Yorkais, il cite Woody Allen comme une de ses principales influences, avec les films de Gus Van Sant et Wes Anderson. Fargo des frères Coen est un des premiers films qu’il a vus et il aurait bien voulu avoir fait partie de l’équipe. Lorsqu’on lui pose la question, il définit son cinéma de prédilection comme étant composé plutôt de films axés sur des personnages que sur des scénarios aux concepts compliqués. Des histoires menées par des gens, pour la plupart décalés, qui mettent en scène des personnages faisant les choses d’une façon singulière.
Sun Belt Express, son premier long-métrage, est une comédie dramatique, située le long de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, avec dans les premiers rôles Tate Donovan, Rachael Harris et Ana de la Reguera. Lorsque Buxbaum travaillait comme barman, la plupart de ses collègues étaient Latino-Américains, certains immigrés, avec ou sans papiers. Écouter leurs histoires s’est avéré l’élément déclencheur qui a poussé le réalisateur à écrire le script, avec son commis de bar, Gregorio Castro. De fait, parce qu’ils se sont inspirés d’expériences réelles, le slogan du film devient “D’après 12 millions d’histoires vraies”. Avant ce film, Buxbaum avait réalisé quatre court-métrages “afin de me vider de mes mauvais films” comme il aime à l’expliquer. Ses deux derniers courts, Anything You Can Do une aventure comique, et La Línea, ont été sélectionnés dans plusieurs festivals à travers les États-Unis. Le dernier sert de teaser à Sun Belt Express : il traite du même sujet et est en grande partie repris dans certaines scènes du long-métrage.
Sun Belt Express réussit à lever plus de 40 000$ de fonds via la plateforme de financement participatif Kickstarter et entre en production en 2012-2013. Le tournage en décors naturels, dans le désert du Nouveau-Mexique, s’avère difficile. Pendant le tournage de la scène finale du film, situé dans le patio d’un restaurant, l’équipe vient tout juste de finir de construire le décor quand ils sont surpris par une tempête de sable éclair. “Le ciel s’est assombri complètement, le vent s’est brusquement déchaîné et un tourbillon de sable a littéralement déchiré le décor par le milieu, le détruisant complètement. Il nous a fallu quatre heures pour tout remettre en place et nous n’avons commencé à filmer qu’à 01:00 du matin. Nous avons tourné jusqu’à l’aurore et tous nos plans de coucher de soleil ont été tournés à l’aube.”
Malgré tous les défis d’un film indépendant, la production n’a pas manqué de moments forts. La recherche de la voiture, une vieille Volvo bleue, semble vaine et l’équipe presse le réalisateur de se contenter d’une autre voiture. “Une semaine avant que nous commencions à tourner, nous avons trouvé la Volvo parfaite, à Albuquerque, dans la ville où nous étions en train de tourner. C’était incroyable et l’un des meilleurs moments, parce que c’était comme réussir le casting d’un personnage.”
La première mondiale de Sun Belt Express aura lieu pendant le Champs-Élysées Film Festival.